Date : 6 août 2011 15:14:57 HAEC
Objet : Journal d’un fan, Numéro 51
Source: Le Monde Des Séries
Auteur: Pierre Sérisier
True Blood
Parvenue à la fin de sa première moitié, la quatrième saison de True Blood montre une grande cohérence avec les précédentes. Le saut dans le temps d'un an demeure la ligne directrice de la narration car elle a permis à Alan Ball de faire évoluer une partie de ses personnages. Malgré cette "rupture", assez classique dans le récit sériel, le créateur reste fidèle à ses grands thèmes de prédilection et à la manière dont il met habituellement en place son histoire.
On retrouve ainsi la question des croyances et des superstitions et celle de leur attraction des humains pour les phénomènes surnaturels avec leur cortège de manipulations. Cette saison 4 s'oriente vers la sorcellerie et flirte avec le vaudou pratiqué dans certains pays des Caraïbes. Les effets visuels demeurent forts et ils préparent une (très probable) confrontation finale qui devrait marquer le point d'orgue de la saison. Cela avait déjà été le cas les années précédentes avec le roi du Mississippi ou encore avec la ménade Maryann Forrester.
D'une certaine manière, on peut avoir le sentiment que True Blood est traversée par un grand désordre et l'on se demande par instants quel est le sens tout cette histoire. A sa manière, Alan Ball a réussi à poser sa création en contrepoint de Buffy, série dans laquelle tout faisait sens. Pour en profiter pleinement, il faut sans doute accepter ce chaos car l'intérêt se trouve ailleurs.
Encore une fois, True Blood parle de la jouissance, de tout ce qui échappe à la raison et à l'explication. Tout est dans l'éphémère et dans le plaisir, ce sentiment extrêmement fugace qui se renouvelle à l'infini sans qu'on parvienne jamais à le domestiquer, ni à l'expliquer ou le comprendre pleinement. La saison 4 est parfaitement cohérente avec ses devancières, elle fait en premier lieu appel aux sensations. A celles éprouvées par les personnages mais également à celles qu'elle tente de susciter chez le téléspectateur.
L'autre grande ligne de force est la notion d'identité. Les héros ont évolué d'une manière spectaculaire au point de ne plus ressembler à ce qu'ils étaient précédemment. La métamorphose la plus spectaculaire étant celle d'Erik, mais elle ne doit pas occulter celle de Bill Compton qui, devenu homme de pouvoir, n'est plus tout à fait le brave type qui avait charmé Sookie. Quant à Jason, il se débat avec l'idée saugrenue qu'il peut devenir autre chose qu'un simple idiot parfait.
Finalement, c'est Sookie (et cela est logique) qui apparaît comme la constante de l'histoire. Elle doit certes rattraper le temps perdu, mais elle n'a pas changé. Elle continue d'avoir un faible pour les hommes qu'elle peut materner. Une nouvelle fois, Ball affirme son attachement à la notion de "queer", cette idée d'un refus des catégories et des genres. A suivre, donc.